Claude GUIRAUD

    "Le 4 septembre dernier nous lui avons dit adieu lors d'une cérémonie pleine d'émotion au crématorium d'Azereix dans la banlieue de Tarbes.
    Claude faisait partie de la dernière promo sortie de la vieille école vétérinaire de Toulouse en 1964, il avait 75 ans. Il est mort accidentellement à la suite d'une chute, lors de travaux de remise en état d'une vieille maison.
    Claude s'est marié avec Christiane pendant ses études, ils ont eu deux enfants Nathalie et Olivier.
    Claude a fait partie des étudiants vétos qui faisaient de la figuration au théâtre du Capitole lors de représentations d'opéra, ses camarades de promo doivent se rappeler une anecdote que m'a rapporté Gérard Montagut à propos d'un âne qui valut aux vétos de ne plus faire partie de la troupe.
    Après avoir fait son service militaire, Claude est revenu à l'école vétérinaire de Toulouse où il a passé deux ans comme assistant dans la chaire de chirurgie. J'ai eu le bonheur de suivre les cours de propédeutique chirurgicale qu'il donnés à ma promo.
    Après avoir encore perfectionné sa formation auprès de nos anciens Jean-Alphonse Meynard et Paul Groulade, Claude s'est installé à Ibos dans la périphérie tarbaise. Il y a exercé avec un grand talent la médecine et la chirurgie des petits animaux jusqu'en 2005, mon camarade Jean-Pierre Pagès nous en parle avec le lyrisme que nous lui connaissons.
    Je veux surtout parler dans cette note de l'autre facette professionnelle de Claude, sa passion pour la nature, pour la faune sauvage en particulier. Tout au long de sa carrière Claude a accueilli dans sa clinique bon nombre d'animaux sauvages blessés ou malades, n'hésitant pas à leur prodiguer les mêmes soins qu'aux animaux de compagnie de ses clients, n'hésitant pas à les opérer et à les rééduquer, le tout gratuitement, aucun budget n'étant prévu pour cela. Christiane a même donné le biberon à des faons de cervidés dont la mère était morte et ceci à plusieurs reprises.
    En 1976 à la suite d'une épidémie de kérato-conjonctivite sur les chamois du Parc National de la Vanoise et dans d'autres secteurs des Alpes françaises, une réunion de vétérinaires attachés à la faune sauvage se tient à l'école vétérinaire de Lyon sous l'égide du professeur Jean Oudar, d'autres réunions suivront chaque année et un groupe d'études se constitue dont Claude fait partie. Les Pyrénées ne sont pas épargnées par la maladie qui apparaît chez l'isard à fin des années 70, mon confrère et ami François de Bastard, directeur du laboratoire vétérinaire des Hautes-Pyrénées à l'époque, peut en témoigner.
    En 1983 le GEEFSM est constitué à Gabas dans la vallée d'Ossau et Claude en est élu président par ses collègues. L'objectif de l'association est de faciliter les relations entre scientifiques et de promouvoir les études et les recherches dans le domaine de l'écopathologie de la faune de montagne.
    Au fil des ans l'association est devenue européenne avec l'adhésion de scientifiques de nos pays montagnards voisins ; la réunion annuelle est organisée à tour de rôle en France, en Italie, en Espagne, en Suisse ou en Andorre. Les communications se font dans la langue de celui qui communique, l'anglais est exclu.
    Claude restera président du GEEFSM jusqu'à sa mort et chaque année, depuis une bonne quinzaine d'années, nous faisions route ensemble avec Michel Bouvier, avec Jean-Paul Crampe pour rejoindre notre destination dans un petit coin de montagne et retrouver nos amis de l'association avec toujours autant de plaisir.
    En tant que président, Claude excellait dans l'art de remercier nos hôtes, petite commune, association de chasseurs, dans l'art aussi de féliciter les lauréats du concours organisé pour les jeunes diplômés participant à des travaux de recherche sur la faune sauvage.
    Depuis une douzaine d'années Claude faisait partie du conseil scientifique du Parc National des Pyrénées et lors de nos voyages nous avions l'occasion d'écouter son avis éclairé sur tel ou tel problème.
    Claude avait été président de la société de chasse d'Ibos et il avait toujours gardé des relations privilégiées avec la Fédération des Chasseurs des Hautes-Pyrénées.Il était adhérent de la société de chasse de la vallée du Louron et il m'avait avoué ces dernières années qu'il n'actionnait plus la détente de sa carabine quand il avait un Isard en point de mire dans la lunette.
    Nous perdons un ami, que Christiane, ses enfants et ses petits-enfants reçoivent ici l'expression de notre compassion et de notre amitié."
    Henri Devic